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Yann Potin (Archives nationales), Traquer la trace des traces : archives du patrimoine archivistique et patrimoine archivistique des Archives, une quête contradictoire ?

A bien des égards, l’existence des « archives des Archives » paraît spécieuse, sinon fumeuse, et tout au pire superfétatoire. Et de fait les archives, plus ou moins patrimoniales, que les institutions et services d’archives conservent sur leur propre activité, relèvent bien souvent de la logique dit du « cordonnier le plus mal chaussé ». D’autant que ces archives sont d’abord dédiées à documenter d’abord la mémoire du service (administratif) des archives proprement dit, selon une logique propre à l’organicité des institutions : de la salle de tri à la salle de lecture, il s’agit d’abord de documenter le circuit d’une organisation, faisant la part belle aux archives de direction, du personnel voire des lieux qui conservent les archives, ou, dans le meilleur des cas, à l’activité de communication et de recherche à l’intérieur des fonds constitués. La documentation des fonds eux-mêmes, et surtout de la chaîne de constitution ou de fabrication – matérielle, administrative, intellectuelle – qui a conduit à les « mettre aux archives » est beaucoup plus insaisissable, car en premier lieu dispersée, dans l’espace mais aussi dans le temps, ou plutôt dans la durée de leur propre fabrication. Il faut donc traquer la trace de ce qui se produit et se donne comme « traces » instituées sous la forme des archives, dans l’activité des multiples services de production, de traitement et de conservation d’archives, des bureaux d’ordre des administrations d’origine aux salles de classement.

Au travers d’exemples choisis à différents moments de l’histoire de l’institution archivistique depuis le XIXe siècle, cette intervention proposera la reconstitution des différentes pistes qui tour à tour signalent et effacent les preuves et la trace de la représentativité et de l’extension des ensembles archivistiques (série, versement, fonds, etc.) conçus, pour finir, comme un « patrimoine de traces » mais dont la « traçabilité » demeure réduite.

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